9ème EDITION 2014

17 décembre 2014

La 9e édition des Etats de la France s’est tenue le 17 décembre 2014 au Conseil Economique, Social et Environnemental.
Plus de 400 hauts responsables de sociétés à capitaux étrangers ont été réunis à cette occasion pour échanger sur l’attractivité de notre pays.
Un an après la publication du Manifeste de la communauté des sociétés étrangères implantées en France, paru le 19 décembre 2013 dans Les Echos, nous avons dressé le bilan des réformes engagées et de leur impact sur l’attractivité de la France.
Nous avons aussi formé, à l’issue de nos débats, nos recommandations pour améliorer l’attractivité du site France.
Nous l’avons fait dans une démarche résolument « francoptimiste » constitutive de l’identité des Etats de la France.

Édito 2014

Madame, Monsieur,

Voici deux ans qu’une inflexion significative a été donnée à la politique gouvernementale et que notre pays a fait le choix de mettre la problématique de l’attractivité au coeur de ses choix stratégiques. Grâce à ce nouveau cap, la mission d’ambassadeurs auprès de leurs maisons mères, qui est celle des responsables de filiales françaises de sociétés multinationales étrangères, est désormais plus aisée qu’elle ne l’était il y a deux ans lorsqu’ils avaient alerté la puissance publique sur les difficultés qu’ils rencontraient pour convaincre leurs quartiers généraux de faire le choix de la France afin d’y investir et d’y créer des emplois.

Depuis, nombre d’initiatives ont été prises qui répondent aux recommandations des États de la France qui, cette année encore, ont été présentées le 16 mars dernier au Président de la République. De cela, les États de la France, qui cette année célébreront le 18 novembre leur 10e anniversaire et sont parrainés par 6 sociétés multinationales parmi les plus prestigieuses – Accenture, Adecco, EY, Hewlett-Packard Enterprise, Roche et Siemens – et soutenus par plus de 70 d’entre elles, se féliciteront. Entre montée en puissance du CICE, Pacte de responsabilité et de solidarité, Loi sur la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques, Loi sur la modernisation du dialogue social, les responsables d’entreprises étrangères installées en France disposent ou vont prochainement disposer de nouveaux arguments dans leur plaidoyer « pro domo ».

Mais les États de la France relèveront que ces avancées ne viennent souvent qu’en partie compenser des mesures pénalisantes précédemment prises et regretteront aussi que l’appel lancé en 2014 formant le voeu que la réforme aille « plus vite, plus loin, plus fort » n’ait été que partiellement entendu. Ils déploreront à ce titre la lenteur de la mise en oeuvre des réformes, l’absence de consensus sur des mesures qui devraient faire l’objet d’une « union sacrée », et les concessions faites qui viennent altérer la portée des réformes engagées.

Dresser le bilan des mesures prises depuis un an en matière d’attractivité sera la première ambition des États de la France. Sont-elles à la hauteur des enjeux ? Ont-elles réellement, comme semblent l’attester de récentes enquêtes, et des décisions spectaculaires d’investissements en France que notre pays n’aurait probablement pas accueillis en d’autres temps, changé la donne et remis la France sur l’écran des grands investissements internationaux ? Comment ont-elles été accueillies par les « maisons mères » ? L’image de la France s’est-elle depuis un an améliorée et le « French bashing » que les signataires du manifeste des États de la France se sont solennellement engagés à combattre est-il passé de mode ? Qu’attendent les quartiers généraux pour avoir définitivement envie de France et pour que les filiales françaises deviennent les filles aimées des multinationales ? Le moment est-il venu de lever le pied et de se reposer sur ces premiers lauriers, de faire une pause dans les réformes ou au contraire de conserver le cap, accélérer le rythme et amplifier l’effort ?

Toutes ces questions vont ponctuer nos débats qui cette année encore, pour leur donner pertinence seront éclairés par un sondage réalisé par IPSOS avec le concours d’EY auprès de la communauté des sociétés multinationales autour de la question fondamentale « l’attractivité de la France s’est-elle améliorée depuis un an ? ».

Diagnostic dressé, les États de la France proposeront leur thérapie et la médication appropriée à un pays qui, s’il n’est plus l’enfant malade de l’Europe, demeure en convalescence.

Quelles sont les initiatives que la France devrait prendre pour mieux valoriser ses atouts et lever ses plus lourds handicaps ? Comment en termes de gouvernance aller « plus vite, plus loin, plus fort » dans sa réforme ? Comment optimiser son atout majeur – l’innovation – et en améliorer l’écosystème ? Comment libérer l’esprit créatif de la France pour faire de la révolution numérique et de la transition énergétique un facteur décisif d’attractivité ? Comment faire en sorte que les investissements étrangers soient plus créateurs d’emplois ? Comment mieux attirer les centres de décisions internationaux et les talents de la nouvelle économie ?

Des réponses à ces questions, nous produirons nos « recommandations » que nous apprécierons systématiquement à l’aune des « best practices » de nos compétiteurs et qui pourraient inspirer la France.

Car la concurrence est féroce pour attirer l’investissement international venant de pays qui eux aussi ont compris que si les capitaux sont étrangers, la richesse créée est locale.

Ces débats nous les mènerons avec l’ambition de servir notre pays et avec l’intime conviction que celui-ci dispose de tous les atouts – pour peu qu’ils soient mieux valorisés – et de toutes les énergies – pour peu qu’elles soient mieux mobilisées – pour devenir une terre privilégiée de l’investissement international et retrouver confiance en son avenir et en son destin.

Si vous partagez cette ambition et cette conviction, rejoignez les États de la France et la communauté des sociétés étrangères « Bien en France ». Nous serons heureux de vous y accueillir.

Denis Zervudacki
Fondateur des Etats de la France

Programme

Personnalités publiques
Laurent Fabius, Ministre des Affaires étrangères et du Développement international
Michel Sapin, Ministre des Finances et des Comptes publics
Alain Juppé, ancien Premier Ministre, Maire de Bordeaux, Président de la Communauté urbaine de Bordeaux
Jean-Paul Delevoye, Président du Conseil économique, social et environnemental
François Rebsamen, Ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social
Emmanuel Macron, Ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique
Axelle Lemaire, Secrétaire d’État chargée du Numérique, auprès du Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique
Muriel Pénicaud, Ambassadrice déléguée aux investissements internationaux, Présidente de l’AFII, Directrice générale d’Ubifrance
Pierre Gattaz, Président du Medef
Cédric Villani, Mathématicien à l’Université de Lyon, Directeur de l’Institut Poincaré et Lauréat de la Médaille Fields (2010)

Dirigeants d’entreprises présidant une table ronde
Alain Dehaze, Président du Groupe Adecco France
Christophe de Maistre, Président de Siemens France
Gérald Karsenti, Président-directeur général de HP France
Corinne Le Goff, Présidente de Roche France
Jean-Pierre Letartre, Président d’EY France, Maghreb et Luxembourg
Christian Nibourel, Président d’Accenture France et Benelux

Dirigeants d’entreprises
Guillaume Alvarez, Senior Vice-Président de Steelcase Europe, Moyen-Orient et Afrique
Alain Crozier, Président de Microsoft France
Didier Da Costa, Président de Carrier HVAC Europe
Patrick Desbiens, Président de GSK France
Robert Gogel, Président-directeur général d’Integreon
Jacques Guers, Corporate Vice-President de Xerox
Aymar Hénin, Président de Compass Group France, Belgique et Luxembourg
Robert Leblanc, Président-directeur général d’Aon France
Michèle Lesieur, Président de Philips France
Marc Lhermitte, Partner chez EY Advisory
Olivier Marchal, Chairman France de Bain & Company
Pascal Sabrié, Président de Heinekein France
Cyril Schiever, Président de MSD France
Laurent Solly, Directeur général de Facebook France
Denis Terrien, Président du Groupe 3SI
Amélie Vidal-Simi,  Présidente de Henkel France
Dominique Virchaux, Directeur général de Korn Ferry France et Espagne

Animateurs
Christophe Barbier, Directeur de la rédaction de L’Express
Nicolas Pierron, Journaliste économique à Radio Classique
François-Xavier Pietri, Chef du Service Economie et Social de TF1 et LCI
Serge Rombi, Journaliste, présentateur et producteur d’Euronews
Dominique Seux, Directeur délégué de la rédaction des Echos
Brice Teinturier, Directeur général délégué d’IPSOS France

Vidéo

Discours d’ouverture
Christophe de Maistre, Président de Siemens France
Emmanuel Macron, Ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique

Entre rebond ou déclin :

L’attractivité du site France s’est-elle améliorée depuis la dernière édition des états de la France ?

Présidence de Jean-Pierre Letartre, Président d’eY France, Maghreb et Luxembourg

Présentation des résultats du sondage de l’étude d’IPSOS

Muriel Pénicaud, Ambassadrice déléguée aux investissements
internationaux, Président de l’AFii, directrice générale d’Ubifrance

Ce que le monde nous apprend :
Benchmark des meilleures pratiques internationales en matière d’attractivité
Présidence de Corinne Le Goff, Présidente de Roche France

Discours
Jean-Paul Delevoye, Président du conseil économique, social et environnemental

L’innovation, c’est vital
Comment mieux libérer l’énergie créatrice pour améliorer l’attractivité de la France ?
Présidence de gérald Karsenti, Président-directeur général de HP France

Alain Juppé, Ancien Premier ministre, Maire de Bordeaux, Président de la communauté urbaine de Bordeaux

L’innovation, c’est vital
Comment mieux libérer l’énergie créatrice pour améliorer l’attractivité de la France ?
Présidence de Gérald Karsenti, Président-directeur général de HP France

Axelle Lemaire, Secrétaire d’état chargée du numérique, auprès du Ministre de l’économie, de l’Industrie et du Numérique

Les recommandations 2014 des Etats de la France
Présentation par les 5 Présidents de tables rondes en présence de Pierre gattaz, Président du MedeF

Présentation par les 5 Présidents de tables rondes en présence de Pierre gattaz, Président du MedeF

Discours de clôture
Michel Sapin, Ministre des Finances et des comptes publics

Photothèque

Attractivité : « Plus vite, plus loin… plus fort » – Manifeste des Etats de la France 2014

Voilà un an, ici-même, 53 d’entre nous avaient lancé un appel pour alerter le gouvernement et l’opinion publique sur la difficulté que nous rencontrions pour convaincre nos maisons-mères de faire le choix de la France pour y investir et y développer nos activités.

Aujourd’hui, d’autres nous ont rejoints. Nous tous présidons aux destinées françaises de filiales de sociétés à capitaux étrangers en France où nous employons plus de 200.000 salariés et réalisons plus d’une centaine de milliards de chiffre d’affaires.

Nous sommes les « ambassadeurs » de la France auprès de nos maisons-mères pour qu’elles fassent le choix de notre pays pour y créer richesse et emplois.

La communauté que nous représentons qui regroupe 20.000 entreprises apporte à notre pays une contribution vitale. Nos sociétés venues d’ailleurs emploient ici 2 millions de personnes, contribuent à hauteur de 29% du chiffre d’affaires de l’industrie française, assurent le tiers des exportations françaises, réalisent 29% de l’investissement corporel du secteur industriel et assurent 29% de la R&D des entreprises qui œuvrent en France.

L’attractivité fait l’objet d’attentions inédites

Si nous avons l’an dernier décidé de lancer notre appel, c’est que nous étions désolés de voir nombre d’arbitrages intra-groupes nous échapper, de voir que d’autres avec moins que nous faisaient mieux que nous, et pire, meurtris de voir notre pays dont nous sommes idéalement placés pour en mesurer tous les atouts, tourné en dérision dans nos sièges mondiaux et mis au ban pour tout nouvel investissement significatif en raison de son incapacité à prononcer son aggiornamento.

L’appel que nous avions alors lancé n’est pas resté lettre morte et nous nous en réjouissons. Depuis lors, l’attractivité du site France, comme jamais s’est invitée dans le débat public et à fait l’objet d’attentions inédites. Que la plus haute autorité de l’Etat dans les circonstances les plus solennelles – celle de ses vœux à la Nation – ait formé le souhait que la France soit plus attractive est la plus spectaculaire des réponses apportées à notre appel. Et depuis lors annonces ont été faites et initiatives prises qui répondent à nos attentes d’œuvrer dans un environnement réglementaire et fiscal plus lisible, plus stable, plus simple et d’avoir à supporter un coût du travail moins dissuasif quand on le compare à celui de nos concurrents.

Entre Pacte de responsabilité et de solidarité, choc de simplification, assises de la fiscalité et Conseils stratégiques de l’attractivité, nombre de mesures répondent au « choc d’attractivité » que nous avions appelé de nos vœux. Allégement du coût du travail, simplification des procédures, stabilisation de l’environnement fiscal et non rétroactivité des lois, rescrits fiscal et social, mesures en faveur de l’attractivité des talents, études d’impact, dépénalisation du délit d’entrave et mesures « French Tech » sont autant d’initiatives qui depuis un an manifestent une claire conscience de l’urgente nécessité pour la France de restaurer sa capacité attractive.

L’attractivité sociale, notre « talon d’Achille »

De cela nous nous félicitons même si nous avons à déplorer que la question de l’attractivité sociale de la France qui reste notre « talon d’Achille » n’a depuis notre appel, dans la réalité quotidienne de nos entreprises, fait l’objet d’aucune avancée significative. Nous regrettons aussi que certaines mesures souvent héritées de décisions passées viennent s’inscrire en porte-à-faux avec les objectifs affichés tel celui de la simplification ou de la diminution de la pression fiscale qui pèse sur nos entreprises.

Les annonces faites et les mesures prises ont-elles pour autant été décisives pour nous permettre d’inverser la tendance, de remettre la France sur l’écran des destinations privilégiées pour l’investissement international ? Nos quartiers généraux sont-ils sortis de l’attitude attentiste sur laquelle ils campaient vis-à-vis de notre pays ?

Certes, la priorité donnée à l’attractivité n’est pas passée inaperçue dans nos maisons mères. Nous qui croyons dans la France avons désormais, devant nous, des responsables mondiaux qui ne demandent qu’à y croire. Mais le feront lorsque la France réalisera sa promesse, passera de la parole aux actes. Longtemps incrédules les voilà impatients.

« Faster, further, stronger »,

« Snabbare, mer långtgående, mer genomgripande »,

« Schneller, weiter, stärker »,

« Geng Kuai, Geng Yuan, Geng Qiang»,

« Yori hayaku, Yori tookuni, Soshite, yori tsuyoku »,

« Mais rapido, mais longe, mais forte »

nous disent-ils d’Atlanta, de Stockholm, de Berlin, de Beijing, de Tokyo et de Sao Paolo.

« Plus vite, plus loin, plus fort » attendent-ils aujourd’hui de la France.

Nous battre à armes égales

C’est leur attente qu’aujourd’hui nous relayons. Nous le faisons car nous avons l’intime conviction qu’une mise en œuvre rapide et audacieuse des mesures annoncées nous permettrait d’attirer ici en France plus d’investissements et d’emporter plus facilement les arbitrages de nos maisons mères.

Conserver le cap, accélérer les réformes, passer à l’action, c’est ce que nous appellerons de nos vœux aujourd’hui lors des « Etats de la France ».

Nous dirons aussi qu’il faut aller plus loin et nous formerons nos recommandations qui ne seront motivées que par une ambition, celle de servir notre pays.

Des mesures courageuses et pertinentes ont été prises, il y a urgence à les mettre en œuvre. D’autres doivent l’être pour nous permettre de nous battre à armes égales avec nos principaux concurrents.

Voltaire disait « les Français arrivent tard à tout, mais enfin ils arrivent ». Il faut aller « plus vite, plus loin, plus fort » avant qu’il ne soit trop tard.

Nous tous ici prenons l’engagement de nous mobiliser puissamment pour convaincre nos maisons-mères de faire le choix de la France tout comme nous nous engageons à ne jamais céder au « french bashing » ambiant.

Les signataires du manifeste

Christian Nibourel, Accenture France et Bénélux  ; Alain Dehaze, Adecco France  ; Jean-Pierre Letartre, EY France, Maghreb et Luxembourg ; Gerald Karsenti, HP France ; Corinne Le Goff, Roche France ; Christophe de Maistre, Siemens France ; Koen Wilms, 3M France ; Denis Terrien, 3SI Groupe ; André Loesekrug-Pietri, A CAPITAL ; Ian Funnell, ABB France ; FabriceDomange, AIG Europe de l’Ouest ; Paul Navarre, Allergan ; Robert Leblanc, Aon France ; Hervé Bourrier, Arcelor Mittal France ; Françoise Bartoli, AstraZeneca France  ; Jean-Marc Pesnel, Avago Technologies ; Nicolas Schimel, Aviva France ; Olivier Marchal, Bain & Company France ; Tony Blanco, Barclays France ; Xavier Susterac, BASF France ; Jean-Jacques Bienaimé, Biomarin ; Olivier de Clermont-Tonnerre, Bluestar Group ; Guy Maugis, Bosch France ; Xavier Garmendia, CA Technologies ; Eric Girard, Carglass France ; Didier Da Costa, Carrier ; Eric Fatalot, Chiesi ; Robert Vassoyan, Cisco Systems, Inc. France  ; Imad Benmoussa, Coca-Cola Company France ; Ben Lambrecht, Coca-Cola Entreprise France ; Aymar Hénin, Compass Group ; Jean-Claude Lévi, DHL Global Forwarding France ; Luc Poyer, E-ON France ; Franck Bouétard, Ericsson France ; Thierry Eyrard, SMAD France ; Nick Leeder, Google France ; Patrick Desbiens, GSK France ; Pascal Sabrié, Heineken France ; Pierre-Yves Jullien, Hempel France ; Amélie Vidal-Simi, Henkel France ; Fabrice Quinquenel, Hertz France ; Thierry Merlot, Hexcel France ; Valéry Mercier, IVA Meyzieu France ; Cyril Titeux, Janssen-Cilag France ; Jean-Marc Dupuis, Kobo ; Pierre Liautaud, Koné Corporation ; Dominique Virchaux, Korn Ferry ; Hervé Martino, Lennox ; Stéphane David, Lenovo France ; Eric Etchart, Manitowoc Cranes ; Pierre-Henry Longeray, Merck Serono France ; Alain Crozier, Microsoft France ; Guy Méliot, Mitsui & Co. France ; Cyril Schiever, MSD France ; Pascal, Bourdin, Mondelez ; Richard Girardot, Nestlé France S.A.S. ; Philippe Barrois, Novartis S.A.S. ; Jean-Marc Vogel, Osram SASU ; Pierre Dejoux, Otis ; Michel Ginestet, Pfizer France ; Michèle Lesieur, Philips France ; François Rispe, Prologis ; Olivier Feray, Prosegur France ; Gilles Maria, Rockwool ; Jean-Michel Duhamel, Rotam Cropsciences ; Olivier Campy, Sanden Europe ; Henri Van der Vaeren, SAP France ; Pascal Panetta, Schlumberger France ; Jérome Peribere, Sealed Air ; Michel Milcent, Selecta France ; Patrick Roméo, Shell France ; Serge Ailhaud, SKF France ; Christian Jacqui, SNC Lavalin ; Guillaume Alvarez, Steelcase ; Charles Relecom, Swisslife France ; Emmanuel De Rivoire, Takeda France ; Corinne Vigreux, Tomtom ; Marc Cogny, Toray Films Europe ; Bauke Rouwers, Unilever France ; Mike Harrell, UPS France ; Alain Rué, UTC France ; Jean-Claude Cennac, Velan France ; Jacques Rivoal, Volkswagen France ; Gilles De Paillerets, Westinghouse ; Ghislaine Auxoux-Gueden, Xerox France ; Pascal Brossard, Zambon France

Invitation presse – CP

COMMUNIQUE DE PRESSE
INVITATION PRESSE

Paris, le 9 décembre 2014

Un an après l’appel des 53 présidents de filiales françaises d’entreprises multinationales, la France est-elle devenue plus attractive pour les investissements étrangers ?

9E EDITION DES ETATS DE LA FRANCE

Mercredi 17 décembre 2014 de 8 h à 18 h15 au Conseil économique, social et environnemental 9, place d’Iena, Paris 16e

A l’occasion de la 9e édition des Etats de la France, qui réuniront plus de 400 hauts responsables de filiales de sociétés multinationales installées en France et qui sont soutenus cette année par plus de 70 d’entre elles, 20 présidents de filiales françaises d’entreprises étrangères dresseront en présence de quatre membres du gouvernement, d’Alain Juppé et de Jean-Paul Delevoye le bilan de l’année écoulée et formeront de nouvelles recommandations pour aller, en 2015, « plus vite, plus loin… plus fort »

Dresser le bilan des réformes économiques, sociales, fiscales, engagées depuis un an, de leur impact sur l’attractivité de la France et former de nouvelles recommandations : tel est l’objectif de la 9e édition des «Etats de la France» qui se tiendra le 17 décembre au Conseil économique, social et environnemental. Vingt présidents de filiales d’entreprises étrangères implantées en France débattront de l’attractivité de la France à cette occasion, en présence de plusieurs membres du gouvernement, ainsi que d’Alain Juppé, maire de Bordeaux.
Les résultats d’un sondage réalisé par Ipsos auprès de 157 responsables français de sociétés multinationales, sur l’impact des politiques publiques en matière d’attractivité, seront dévoilés. A l’issue de la journée, seront annoncées les recommandations prioritaires des dirigeants d’entreprises étrangères « Bien en France » pour améliorer l’attractivité de notre pays.

Un an après la publication dans Les Echos du 19 décembre 2013 du « Manifeste des Etats de la France » signé par 53 chefs d’entreprise, à l’occasion duquel ils avaient alerté le gouvernement sur leurs difficultés à convaincre leurs maisons-mères de faire le choix de la France pour y investir et y créer des emplois, la communauté des sociétés étrangères implantées en France se réunit à nouveau pour poser un diagnostic et former, après une journée d’échanges et de tables rondes, de nouvelles recommandations pour améliorer l’attractivité de notre pays. Plus de 400 intervenants et participants – membres du gouvernement, dirigeants d’entreprises multinationales, ambassadeurs étrangers, … – seront présents le 17 décembre prochain.

Depuis un an, des annonces ont été faites et des initiatives prises au plus haut niveau de l’Etat qui répondent aux recommandations fortes formulées lors de l’édition 2013 des Etats de la France. Mais sont-elles à la hauteur des enjeux ? Ont-elles changé la donne en matière d’attractivité ? Ont-elles fait évoluer positivement les décisions d’investissement en faveur de la France ? La 9e édition des Etats de la France aura pour vocation de répondre à ces questions, lors d’une journée de réflexion et de débats autour des thèmes suivants :

–    Entre rebond ou déclin : L’attractivité du site France s’est-elle améliorée depuis la dernière édition des Etats de la France ?
–    Ce que le monde nous apprend : Benchmark des meilleures pratiques internationales en matière d’ attractivité.
–    Le social, c’est crucial – Comment lever les handicaps qui, en matière sociale, pénalisent l’attractivité de la France ?
–    Le territoire, c’est capital – Comment mieux mobiliser les territoires pour améliorer l’attractivité de la France ?
–    L’innovation, c’est vital – Comment mieux libérer l’énergie créatrice pour améliorer l’attractivité de la France ?
–    Les recommandations 2014 des Etats de la France.

A l’invitation de Jean-Paul Delevoye, la journée sera ouverte par un discours d’Emmanuel MacronBrice Teinturier dévoilera les résultats d’un sondage réalisé spécialement par Ipsos auprès des responsables français de sociétés étrangères implantées en France sur l’impact des politiques publiques en matière d’attractivité. Muriel PénicaudFrançois RebsamenAlain Juppé et Axelle Lemaire interviendront en tant que « grand témoin » lors de tables-rondes où interviendront plus de 20 dirigeants de filiales françaises d’entreprises multinationales. Les recommandations 2014 des Etats de la France seront présentées par les Présidents de AccentureAdeccoEYHPRoche et Siemens, en présence de Pierre Gattaz. Enfin, Michel Sapin prononcera le discours de clôture.

A propos des Etats de la France

Fondés par Denis Zervudacki, Président-directeur général de D.Z.A., Les Etats de la France constituent un rendez-vous annuel des sociétés à capitaux étrangers pour qu’ils puissent, dans une approche résolument « francoptimiste », faire entendre leur voix sur la problématique de l’attractivité du site France. Ils ont pour objet de permettre aux multinationales de débattre des ressorts de l’attractivité de la France et de former leurs recommandations pour que notre pays soit mieux irrigué par les investisseurs étrangers. Pour cette 9e édition, Les Etats de la France sont soutenus par plus de 70 grandes entreprises partenaires.

Les 5 recommandations prioritaires des Etats de la France 2014 – CP

Paris, le 17 décembre 2014

Comment améliorer l’attractivité de la France ?

Les 5 recommandations prioritaires des Etats de la France 2014

A l’issue de la 9e édition des “Etats de la France” qui s’est tenue aujourd’hui au Conseil économique, social et environnemental, plus de 500 représentants de sociétés à capitaux étrangers installées en France ont fait part de leurs « Recommandations pour améliorer l’attractivité du site France”. Un « Manifeste des Etats de la France 2014 », signé par 86 Présidents de filiales françaises d’entreprises multinationales, a été publié ce jour dans le quotidien Les Echos pour porter ces recommandations. Un sondage réalisé par Ipsos auprès de 157 dirigeants, sur l’impact des politiques publiques en matière d’attractivité, a mis en lumière leurs principales attentes.

Dresser le bilan des réformes économiques, sociales, fiscales, engagées depuis un an, de leur impact sur l’attractivité de la France et former de nouvelles recommandations : tel était l’objectif de la 9e édition des « Etats de la France » qui s’est tenue aujourd’hui 17 décembre au Conseil économique, social et environnemental. Quatre membres du gouvernement et vingt dirigeants d’entreprises multinationales ont débattu de l’attractivité de la France devant 500 participants.

L’attractivité de la France selon les responsables de sociétés étrangères ayant au moins 250 salariés en France

Un sondage* réalisé par Ipsos en collaboration avec EY pour la 9e édition des Etats de la France, auprès de 112 entreprises étrangères implantées en France, sur l’impact des politiques publiques en matière d’attractivité, a mis en lumière les éléments suivants :
– La France est aujourd’hui un pays peu attractif pour les entreprises étrangères
– Des mesures récentes vont dans le bon sens, mais sont jugées insuffisantes
– Pour les responsables d’entreprise, la France peut redevenir attractive si elle poursuit les réformes
– L’image de la France à l’étranger, un levier pour améliorer l’attractivité

Les 5 recommandations prioritaires des Etats de la France 2014

Les 5 mesures phares qui, pour les multinationales réunies à l’occasion des Etats de la France, constituent des priorités pour convaincre leurs sièges mondiaux d’investir en France et d’y créer des emplois, concernent les domaines suivants :

1. Poursuivre l’action engagée en matière de réduction du coût du travail par une baisse continue des charges sociales, veiller à ce que les dispositifs mis en place soient simples et poursuivre celle menée dans le domaine de la stabilisation de l’environnement fiscal en donnant à la politique fiscale plus de cohérence, de simplicité et de lisibilité.
2. Limiter les aspects pénaux du droit du travail aux seuls domaines mettant en cause l’intégrité physique ou morale des salariés, concrétiser l’intention de dépénaliser le délit d’entrave et soumettre l’intégralité des relations du travail au droit civil de la responsabilité. Simplifier les procédures de consultation en fusionnant les différentes instances de représentation du personnel, en en régulant le pouvoir, en allégeant les procédures de concertation, en encadrant le coût des expertises, et limiter dans le temps la durée des mandatures.
3. Assouplir et simplifier le contrat à durée indéterminée pour favoriser l’emploi.
4. Mettre en cohérence toutes les initiatives proliférantes prises en matière d’innovation, concentrer les efforts sur des priorités à fort potentiel de développement et de rayonnement – telle que la création d’un cluster de niveau mondial – intensifier les rapprochements entre le monde de la recherche, de l’université et des entreprises, créer un état d’esprit favorable à l’innovation en substituant au principe de précaution un « principe de progrès » et améliorer le financement de l’innovation.
5. Soigner la communication internationale de la France en adressant aux milieux d’affaires étrangers des messages clairs et non contradictoires et se doter d’une véritable politique de « Marque France ».

Les autres recommandations des Etats de la France 2014 :

– Veiller à ce que la politique de ré-industrialisation ne soit pas dévoyée par des mesures protectionnistes et faire en sorte que l’ouverture des marchés, qui est le fondement de toute politique d’attractivité et la priorité accordée à l’emploi et à l’investissement soit privilégiée par rapport à la nationalité de l’investisseur.
– Engager une politique ambitieuse d’attraction des talents internationaux en améliorant la fiscalité des impatriés – et notamment celle sur la taxation des stocks options – en en étendant le régime fiscal de 5 à 10 ans, en simplifiant les démarches administratives et en élargissant l’offre d’écoles internationales pour améliorer l’accueil des familles accompagnantes.
– Améliorer la « cartographie » des territoires en donnant aux Régions une « carte d’identité », afin d’améliorer leur lisibilité et leur marketing international autour de leur « spécialité » et associer plus intimement le monde de l’entreprise aux choix effectués par les responsables locaux et créer dans chaque métropole un « Conseil stratégique de l’attractivité ».
– Faire évoluer l’écosystème français pour qu’il soit plus ouvert aux enjeux économiques et à la mondialisation en rapprochant le monde de l’éducation et celui des entreprises, en rendant l’apprentissage de l’anglais obligatoire dès l’école élémentaire et en rendant obligatoires les stages en entreprises, dont les entreprises étrangères, pour les cursus « Grandes Ecoles ».

 Sondage réalisé du 31 octobre au 27 novembre 2014 auprès de 112 entreprises étrangères implantées en France, avec un effectif supérieur ou égal à 250 salariés (au total, 157 responsables interrogés).

Les 5 recommandations prioritaires des Etats de la France 2014 – CP

L’attractivité de la France selon les responsables des sociétés étrangères ayant au moins 250 salariés en France

Principaux enseignements du sondage réalisé par Ipsos pour la 9ème édition des Etats de la France, en collaboration avec EY

Décembre 2014

En 2014, un certain nombre d’annonces ont été faites et des initiatives ont été prises pour améliorer l’attractivité économique de la France. La neuvième édition des Etats de la France a pour ambition de dresser le bilan de ces mesures. Pour nourrir les réflexions lors de cet événement, les Etats de la France et Ipsos, en collaboration avec EY, se sont associés pour réaliser un sondage auprès des responsables d’entreprises étrangères ayant au moins 250 salariés en France. Quelle image ces entreprises ont-elles de la France ? Le pays est-il jugé attractif ? Les mesures prises depuis un an vont-elles dans la bonne direction ? Sont-elles à la hauteur des attentes ? A ces questions, l’enquête apporte un certain nombre d’éléments de réponse.

La France est aujourd’hui un pays peu attractif pour les entreprises étrangères

L’idée qui domine auprès des groupes étrangers implantés dans l’hexagone est que la France n’est pas aujourd’hui un pays attractif pour les entreprises (77%). Pour autant, les avis négatifs restent modérés dans leur intensité, la majorité des dirigeants (66%) se positionnant sur la réponse « pas très attractif » alors que 11% seulement jugent la France « pas du tout attractive » pour les entreprises.
La France est un pays attractif pour seulement 23% des entreprises interrogées. Celles-ci soulignent la qualité des infrastructures de transport et de communication (90% de citations) et la présence d’une main-d’oeuvre qualifiée (83%). Ces deux atouts sont d’autant plus déterminants que les obtenir nécessite du temps et d’importants investissements. Autre atout qui est souligné : la France est une porte d’accès vers le marché européen, par son emplacement géographique (37%) et son appartenance à la zone Euro (20%).
Cela étant, c’est bien le sentiment que la France n’est pas un pays attractif qui domine. Les filiales françaises de groupes étrangers mettent en avant plusieurs raisons pour l’expliquer. La première d’entre elles est liée à l’action des pouvoirs publics. Pour les entreprises, les gouvernements – toutes couleurs politiques confondues – n’ont pas pris les bonnes mesures pour développer l’attractivité économique du pays. Cette opinion fait l’unanimité : 97% des sondés pensent que cela joue un rôle important dans le manque d’attractivité, dont 75% un rôle très important. D’autres facteurs sont mis en avant : la concurrence de nouveaux pays émergeants sur la scène économique internationale (76%) et la conjoncture économique dégradée en France et en Europe (73%).
Le fait que les gouvernements successifs n’aient pas pris les bonnes décisions est ainsi la première raison invoquée pour expliquer le manque d’attractivité de la France, devant les explications liées au contexte international ou au climat économique. Pour les entreprises étrangères, les leviers d’amélioration de l’attractivité sont donc avant tout politiques.

Des mesures qui vont dans le bon sens, mais sont jugées insuffisantes

Dans ce contexte, comment les mesures prises depuis un an sont-elles perçues par les entreprises étrangères ? Ont-elles fait bouger les lignes ? Globalement, les réformes engagées par le Gouvernement pour améliorer l’attractivité de la France sont assez bien accueillies. Elles vont dans le bon sens pour la majorité des entreprises étrangères (56%, contre 44% pour qui elles vont dans le mauvais sens). Les jugements sont même très positifs dans les grandes structures : 72% des entreprises de plus de 5000 salariés estiment que les mesures prises depuis un an vont dans la bonne direction.
Pour autant, cela ne permet pas de faire reculer le sentiment que le pays intéresse de moins en moins les investisseurs étrangers. Pour 55% des entreprises interrogées, l’attractivité de la France s’est plutôt dégradée depuis un an, 35% pensent qu’elle n’a pas changé. L’idée d’une amélioration de l’attractivité cette année est très minoritaire (10%), y compris auprès des entreprises qui pensent que les réformes vont dans la bonne direction (18%).
Si la France n’a pas réussi à inverser la tendance c’est parce que dans le détail, les mesures mises en place depuis un an sont perçues comme allant dans le bon sens (entre 74% et 95% selon les dispositifs), mais sans pour autant créer le « choc d’attractivité » attendu. Elles sont jugées insuffisantes par la majorité des entreprises. C’est le cas en particulier des mesures de simplification : le Passeport Talent va dans le bon sens mais n’est pas suffisant pour 78% des entreprises, de même que la simplification administrative (83%) et la réduction du nombre de régions (77%). C’est aussi l’idée qui domine pour les mesures touchant le droit du travail : l’assouplissement des règles qui encadrent le travail le dimanche (80%) et la loi sur la sécurisation de l’emploi (69%). Enfin, c’est également le cas pour les mesures fiscales : la réduction du coût du travail (qui va dans le bon sens mais n’est pas suffisante pour 83%) et la baisse de l’impôt sur les sociétés (73%).
Au total, les mesures d’attractivité sont bien accueillies mais restent en deçà des attentes. Leur impact sur les décisions des sièges mondiaux en matière d’investissement est pour l’heure très limité. 79% des entreprises disent que ces mesures n’ont pas encouragé leur siège à développer leur activité en France. Les effets concrets de ces mesures se font attendre et le rythme de leur mise en oeuvre est jugé trop lent par 93% des entreprises étrangères.

Pour les responsables d’entreprise, la France peut redevenir attractive si elle poursuit les réformes

Pour autant, les responsables de filiales de groupes étrangers pensent que la France peut redresser la barre. Pour eux, le faible attrait du pays n’a rien d’inéluctable puisque 90% estiment que le pays peut redevenir attractif pour les entreprises. Pour améliorer son attractivité, la France doit selon eux renforcer les mesures qui ont déjà été mises en place depuis un an mais aussi en prendre d’autres. Parmi différentes mesures qui pourraient développer l’attractivité du pays, celles qui présentent le plus fort potentiel portent, selon les responsables d’entreprises étrangères, sur le marché de l’emploi et le droit du travail. Il s’agit de la flexibilisation du marché de l’emploi (qui aurait un effet très positif sur l’attractivité pour 86% des sondés), la diminution du coût du travail (74%), la simplification des procédures de consultation dans le domaine social (63%) et de la suppression des 35h (61%). En soulignant l’impact positif de ces mesures, les entreprises étrangères expriment une forte attente pour une réforme structurelle du marché du travail en France.

L’image de la France à l’étranger, un levier pour améliorer l’attractivité

Autre enseignement majeur de l’enquête : l’attractivité se joue aussi sur le terrain de l’image. Aujourd’hui seulement 21% des responsables locaux des entreprises étrangères implantées en France disent que leurs sièges mondiaux ont une image positive de la France, contre 79% qui en ont une image négative. La réputation de la France est particulièrement négative aux Etats-Unis où 92% des sièges ont une mauvaise image du pays. Ce déficit d’image explique sans doute que les maisons-mères n’aient pas aujourd’hui l’intention d’investir davantage en France pour y développer leur activité (77%).
Mais l’image de la France auprès des sièges mondiaux ne correspond pas toujours à la réalité telle qu’elle est perçue par les responsables des filiales françaises. Lorsque le siège a une mauvaise image de la France, celle-ci est jugée excessivement négative par près d’une filiale française sur deux (44%). A l’inverse, lorsque le siège a une bonne image de la France, celle-ci est en phase avec la réalité dans la majorité des cas (76%). Ainsi, la France souffre-t-elle d’une mauvaise réputation qui, au dire d’une partie des responsables de filiale française, n’est pas totalement justifiée. Dans ce contexte, la promotion des atouts de la France à l’étranger peut être un important levier d’action pour renforcer son attractivité. Et cela pourrait avoir un impact positif pour 87% des responsables d’entreprise interrogés.

Discours de Cédric Villani

Discours de Cédric Villani, Mathématicien, Directeur de l’Institut Henri-Poincaré, Lauréat de la Médaille Fields (2010), au Diner « Bien en France », 17 décembre 2014

Chers amis, chers collègues, Mesdames et Messieurs,

Merci cher Gérald pour la présentation ; c’est un honneur de parler devant cet auditoire, rassemblé par les soins de notre ami Denis Zervudacki.

L’assemblée est impressionnante, mais aucune foule ne sera si impressionnante pour moi que celle qui se tenait devant moi le 19 août 2010 a Hyderabad. Et pourtant c’étaient tous mes collègues, mais ils formaient à cet instant le plus grand rassemblement de mathématiciens du monde — et surtout c’était une situation si particulière, j’étais ce jour-là l’un des 4 lauréats de cette médaille que vous évoquiez, décernée tous les 4 ans lors du Congrès International des Mathématiciens.

La médaille me fut présentée par la Présidente de l’Inde, sous les ovations des collègues, et les flashes crépitant de nuées de cameras, comme au Festival de Cannes. Très inhabituel pour un chercheur !

Sur la médaille, je pouvais lire la célèbre inscription en latin, Transire suum pectus mundoque potiri, « Se dépasser soi-même et conquérir le monde ». Conquête au sens figuré bien sur : conquête par la théorie, par le succès, par le respect.

Ce jour-là les interviews se sont succédées par dizaines. J’ai passé des heures à expliquer aux journalistes la théorie cinétique des gaz, l’amortissement Landau non linéaire dans les plasmas, et autres merveilles du monde à la fois inaccessible et familier de la physique statistique, en me demandant ce qu’ils en diraient dans leurs articles; et en me demandant bien aussi ce que l’avenir me réservait. Car je changeais de statut.

Cette récompense me faisait accéder de fait à une double fonction de représentation : ambassadeur de ma discipline, les mathématiques, auprès de toute la société; et ambassadeur à ma façon de mon pays, la France, auprès du monde entier. J’ai depuis joué ces deux rôles avec fierté, et de bonne grâce, d’abord parce que je suis un pur produit du système mathématique français, ensuite parce que, mathématicien c’est un bon métier, tout juste confirmé par l’entreprise américaine CareerCast comme le meilleur métier du monde; et parce que Français, c’est une nationalité qui fait rêver, quoi qu’on puisse en dire. Et enfin parce que la combinaison des deux est détonante, puisque les mathématiciens français ont raflé environ 1/5 de toutes les médailles attribuées depuis la création de ce prix.

Sur les talents français, on entend beaucoup de choses, et régulièrement revient comme une antienne la question de la fuite des cerveaux; certes elle est tangible dans certains domaines, mais en général on exagère beaucoup son importance, dans un élan d’auto-dénigrement. A coup sûr en mathématique nous n’en souffrons pas; si certains d’entre nous partent à l’aventure dans le vaste monde, il faut voir cela, bien sûr, comme une force pour la France. Très souvent ces voyageurs reviennent, et il est sain de faire de tels allers-retours. Ainsi il y a quelques semaines je rendais visite à l’une de mes anciennes collègues lyonnaises, prestigieuse professeur au MIT, elle m’a dit — Ça y est, je rentre à Lyon. Et moi-même, l’an passé, après un semestre passé en Californie, je suis aussi rentré en France, comme je l’ai toujours fait après mes séjours de professeur invité à Berkeley, à Princeton, à Brown University et ailleurs.

Pourquoi je suis rentré ? Alors qu’il m’aurait suffi de rester de l’autre côté de l’Atlantique pour tripler ou quadrupler mon salaire ? C’est simple, et la réponse on la voit à la maison. Il y a quelques mois, tôt le matin, je ramenais la miche de pain fumante, tout droit sortie du four du boulanger, avec sa croute craquante, mon fils a fermé les yeux de bonheur en tenant le pain; ma femme a dit « Rien que pour cette raison nous avons bien fait de rentrer ». Et mon fils a ajouté « Ce n’est pas la seule raison. »

Eh ben oui, on peut voyager partout pour voir les merveilles du monde, tant que l’on sait où est son foyer, où l’on se sent vraiment chez soi. Chez soi ce sont les habitudes, les racines, le cadre de vie, la culture, les compatriotes, et beaucoup d’autres choses qui définissent l’environnement.

Pour ce qui est de mes racines, vous avez eu l’amabilité cher Gérald de rappeler mes origines italiennes et grecques, au passage c’est une petite satisfaction personnelle de pouvoir se dire apparenté au pays, la Grèce, qui a inventé toutes les mathématiques et plus généralement la philosophie et la science. A mon tableau génétique il faut aussi ajouter la Corse, l’Alsace, et quelques régions situées entre les deux, et j’aime bien l’idée que je reflète l’une des caractéristiques les plus importantes de la France, celle d’être une terre historique de mélange et d’immigration.

Pour ce qui est de la culture, j’ai grandi, j’ai baigné dans la culture française, qui plus est avec deux parents professeurs de lettres classiques. Mais souvent la culture c’est aussi dans le regard des autres qu’on l’apprécie le mieux, soit qu’on aille à l’étranger, soit que l’on accueille chez soi des confrères étrangers.

Laissez-moi vous raconter un de ces épisodes. Il y a quelques mois j’avais la tâche d’accueillir à Paris des amis entrepreneurs rencontrés en Californie, les Meyer, l’une des deux ou trois plus réputées des entreprises spécialisées dans le son, la haute fidélité la plus parfaite et innovante qui soit. Ils sont venus avec leur petit-fils passionné de sciences; je les ai accueillis dans ma base habituelle, le 5e arrondissement; leurs yeux ont brillé devant la Sorbonne, le symbole de l’université dans le monde entier; à quelques pas de là, nous sommes passés devant le lycée où j’ai fait mes classes préparatoires, qui affiche 450 ans d’histoire, et leurs yeux brillaient de plus belle. Puis nous sommes allés à l’école normale supérieure, je leur ai expliqué qu’aucune institution dans le monde n’a formé plus de médailles Fields, et on les voyait rêver devant les colonnes de cet héritage de la Révolution. Et puis encore quelques mètres plus loin, nous sommes allés à l’Institut Henri Poincaré, rendre visite à l’amphithéâtre où Albert Einstein a enseigné la relativité générale, et voir le monde qui se rassemble ici.

Le petit garçon était tout excité en visitant notre collection de formes mathématiques. J’ai expliqué que bientôt nous allions construire ici un musée mathématique unique au monde, où se côtoieraient aussi bien des chercheurs, des écoles, des entreprises, des témoignages de la magie moderne que les mathématiques insufflent dans notre quotidien. Un musée qui ferait honneur à Paris, capitale mondiale des mathématiques depuis 250 ans.

De là nous sommes allés à pied à un restaurant qui leur a tiré des cris d’admiration.

Et puis après le repas nous avons visité l’atelier de mon ami Patrice Moullet. Patrice est le frère d’un célèbre cinéaste de la nouvelle vague, un mouvement qui a influencé l’esthétique du monde entier; lui-même est musicien et ingénieur, et mes amis californiens ont admiré devant ses nouveaux instruments de musique, avec des applications à l’ergonomie et à la communication avec de jeunes handicapés. Dans leur regard quand ils sont repartis, on voyait tant de rêves mélangeant tradition, inventivité et absolu.

La culture c’est tout cela — l’histoire, les institutions, la dynamique, l’environnement, l’esprit qui souffle.

La culture c’est aussi le langage, bien sûr. Et malgré ce qu’on en dit, et les réflexes de peur que l’on peut entendre, de la part même des Français notre langue a la côte, et la littérature qui va avec. Là aussi, c’est en voyageant qu’on le voit le mieux, ou bien en contribuant. Et je dois dire que j’ai rarement été aussi fier que quand mon ouvrage « Théorème vivant » a été examiné et relu, pour les besoins de la traduction en anglais, et que le relecteur a dit « It is a VERY FRENCH Novel » et continue avec des appréciations enthousiastes. L’ouvrage a été sélectionné par la BBC comme « Livre de la semaine » pour sa sortie à venir. Et pour comble de fierté, le traducteur a du avouer, la mort dans l’âme, que certaines expressions étaient impossibles à traduire avec la même concision. Le français, quelle langue magnifique.

Enfin, la culture se transmet avec l’éducation, et tout en étant le premier à reconnaitre que notre système d’éducation nationale traverse depuis de longues années une crise grave, je rappellerai que partout dans le monde, nombre de parents parmi les plus soucieux de l’éducation de leurs enfants les inscrivent à l’école française locale !

Alors, vous pourrez me dire, Villani, merci de ce témoignage, et si la culture française est si belle, la langue française aussi magique, la recherche française aussi performante, pourquoi ne restons-nous pas entre nous, on n’a pas besoin des autres ? Et la réponse est non. On a toujours besoin du monde.

D’abord pour attirer les talents parmi nous. L’importance de l’immigration pour faire avancer un pays, c’est considérable. Pour rester strictement dans ma partie mathématique, je citerai quelques noms.

En 2006 Wendelin Werner a eu la médaille Fields : né en Allemagne, naturalisé Français.

En 2010 Ngo Bao Chau la reçoit en même temps que moi : né au Vietnam, naturalisé Français.

En 2014 c’est le tour d’Artur Avila : né au Brésil, naturalisé Français.

Il en a toujours été ainsi, et nous ferons en sorte que cela continue. En 2014 à Séoul la France était le pays le plus représenté dans les invitations au Congrès International des Mathématiciens, et cela en grande partie grâce aux Français issus de l’immigration.

Nous avons besoin des étrangers qui viennent; et nous avons aussi besoin d’aller à l’étranger. Pour se former, pour découvrir, pour apprendre. Moi-même, j’ai beau avoir été un produit français, j’ai aussi été formé en Europe, et aux États-Unis, certaines des rencontres que j’y ai faites ont changé ma carrière, ont changé ma vie.

Aller à l’étranger, c’est bon aussi pour entendre ce que l’on dit de vous, et reprendre le moral si vous avez cédé à la morosité. En Chine, quand vous dites que vous êtes français, vous pouvez avoir droit au petit cri d’admiration; lors de mon dernier séjour à Shenzhen on louait les designers français, la télévision dans le taxi était branchée sur Paris Styles. Au Japon, vous découvrez que la moitié des boulangeries ont des noms français… A Atlanta un jour une serveuse m’a expliqué que le français était, parait-il, la plus sexy de toutes les langues ; et c’est aux États-Unis aussi qu’un chauffeur de taxi iranien m’a fait une fois une longue tirade avec tous les écrivains français imaginables.

Si multipolaire qu’il soit devenu, le monde regarde encore vers la France. Parfois pour les railler; le dernier numéro du Courrier International recense tous ces clichés sur les Français — paresseux, arrogants, et ainsi de suite. Mais bien sûr, si la France ne comptait plus du tout, on n’en parlerait plus, force est de constater qu’on en parle encore. Et réciproquement, historiquement la France c’est un pays qui regarde vers le monde entier. Vers l’universel — comme les mathématiciens, tiens. Vous savez, ce n’est pas un hasard si l’esprit français s’accommode bien des mathématiques — car les mathématiques c’est l’ambition de l’absolu et le désir de l’universalité, comme l’esprit français. A la Révolution, ce sont les mathématiciens français qui se sont préoccupé de définir une unité de mesure universelle, à partir du seul objet qui rassemble absolument tous les humains : la Terre. La Révolution offrait le mètre à l’humanité, en même temps que des déclarations universelles.

Ça c’est le passé, mais cela doit être le futur aussi. Il y a quelques mois nous voyions inaugurée à Paris la Fondation Louis Vuitton, comme un cadeau offert au monde entier, et Paris était le centre du monde pour cette journée d’inauguration. Aujourd’hui la France se mobilise pour préparer un autre projet offert au monde entier — l’Exposition Universelle 2025 ; invitant le monde chez nous ! Et puis il y a la compétition internationale. Soyons clairs, il n’y a aucune raison que tout le monde doive subir la compétition internationale ; mais il est normal et important qu’une partie internationalement très compétitive, participant au rayonnement et à la santé. Le dernier numéro d’Enjeux-Les Echos passe en revue quelques secteurs dans lesquels la France est mondialement reconnue — le luxe, l’ingénierie, l’architecture, la cuisine, la médecine, et quelques autres, dont les mathématiques, merci chers amis journalistes.

Certes, même dans ces secteurs, rien n’est pas gagné d’avance. Le monde est affaire de batailles. On dit que la France est actuellement en net recul en parts de marché; c’est bien le signe qu’il faut se battre davantage, car l’économie, ça évolue plus vite que la culture.

Pour revenir à mon modeste niveau, le concours que j’ai réussi à 20 ans avait beau être l’un des plus difficiles d’Europe, ce n’était rien par rapport aux 15 années qui ont suivi, de travail acharné et de confrontation incessante avec la compétition internationale. Et beaucoup d’entre nous ont des expériences similaires : refuser la compétition internationale, ce sera le meilleur moyen de nous perdre.

Cela étant dit, il est des dossiers où l’on ne va pas tout seul au front quand on pèse un poids négligeable dans la grande lutte d’influence économico-scientifico-politico-culturelle. Là encore, pour refaire le parallèle avec mon expérience personnelle, je n’aurais jamais eu la médaille Fields sans des alliés fidèles — mon ancien élève Clément Mouhot, et les collaborateurs, issus d’une dizaine de pays différents, qui m’ont accompagné dans ma carrière.

Et pour revenir à la France, face aux mouvements géants qui s’organisent dans le monde, que ce soit du côté des pays émergents, ou ailleurs, nous avons besoin d’alliés fidèles, qui se sentiront des intérêts et attaches avec nous. C’est ici que la place de la France dans l’Europe compte tellement. La France en soi, si belle, inspirante et performante qu’elle soit, elle ne pèse pas lourd face aux géants actuels. Mais l’Europe, ça c’est une vraie équipe prête à peser dans le combat d’un poids inégal.

Certaines réussites exemplaires en sciences peuvent nous inspirer. Pensez au CERN, unique en son genre, témoignage d’un rêve fédéraliste, centre du monde avec l’annonce de la découverte du Boson de Higgs. Pensez à l’Agence Spatiale Européenne, quel succès ! Le monde avait les yeux rivés sur Planck avec eux, et avec eux encore rivés sur Philea. Quand même, poser un robot sur une comète ! Et dans l’architecture de l’ESA, la France, chef de file, humble et travailleur. Des règles de gouvernance souples, les partenaires se font confiance, des alliances se font sur certains projets, l’intérêt commun, chacun garde son identité tout en se coordonnant. C’est cela que nous devons réussir à l’échelle de la gouvernance européenne. Un Europe souple, respectueuse, fédérale, efficace; c’est cela que nous appelons de nos souhaits à Europa Nova. Et puis tellement plus d’opportunités à plusieurs ! Avec les pays d’Europe, nous avons tous les talents imaginables.

Si Européen que vous soyez, que je sois, il ne faut pas croire que l’Europe va venir sauver la France quand elle est en difficulté, même grave, sur tel ou tel dossier. D’abord parce que, au contraire, c’est à la France de sauver l’Europe. En Allemagne on mettra beaucoup en avant l’idée d’Europe comme facteur d’efficacité ; mais historiquement, c’est l’enfant de la France, la vision de Montesquieu et de Hugo; c’est une idée d’universalisme, d’idéalisme, de grandeur; avec tout cela, si les Français ne la défendent pas, où va-t-on ?

Ensuite, la France supporte très mal de ne pas être leader, et a besoin de se faire aimer. Combien de fois est-ce arrivé que la France, en tant que Nation, se retire d’un projet européen parce qu’elle avait l’impression de ne pas être en leadership. Si la France se retire, tout le monde est en difficulté ; mais si la France souhaite être leader, il faut l’apprendre, et un leader de nos jours ce n’est pas juste le meilleur ou le plus fort, cela doit faire plein de choses. Sur lesquelles nous avons des progrès à faire — du moins c’est mon sentiment, nourri par mon expérience de chercheur, de directeur d’institution, de président d’association, de militant, et les voyages dans une petite 50aine de pays.

Le leader doit écouter les coéquipiers, les connaitre, et apprécier leurs forces, et savoir que dans l’équipe chacun a son rôle.

Le leader doit laisser aux uns et aux autres leur individualité, et ne pas penser que tout le monde va faire comme lui.

Le leader doit aussi savoir parler à ses coéquipiers, et pour cela avoir passé du temps avec eux. Est-il besoin de rappeler au passage, que les Français sont parmi les plus mauvais anglophones d’Europe ?

Le leader doit être humble, sinon il se fait vite renverser.

Le leader doit savoir encourager et complimenter.

Et le leader doit avoir en soi de grandes ressources de confiance et d’efficacité. Là il y a, sans conteste, un gros travail à faire sur la France; un travail technique et culturel que nous devons collectivement faire, qui demandera de grands efforts, et c’est seulement au prix de cet effort interne que la France pourra prendre sa part de leadership dans une équipe européenne invincible. Se dépasser soi-même, et conquérir le monde.

Au sens figuré bien sûr.